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Défi du Val de Travers


Olivier, Laurent et moi avons passé le week end en Suisse pour participer au grand défi du val de travers : course de 75 km avec 3000m de dénivelée positif.
Laurent étant arrêté pour blessure, Olivier l’a remplacé.
Et voilà comment on entraîne des copains et son mari à aller courir dans une région où j’ai passé toutes mes vacances avant mes 15 premières années.
Après avoir râlé après mes grands parents qui m’obligeaient à aller marcher dans leur montagnes, je dois dire que depuis que je sais que cette course existe je ne rêve que d’y participer !
Merci donc à eux de m’avoir donné le goût du jura, de ses montagnes, de sa végétation si typique, de ses vaches, de ses odeurs…
Bref, après 3 ans d’attente : je découvre que 2009 est l’année où je suis disponible le week-end du 20 juin !
Je m’inscris donc dès que c’est faisable et m’entraîne toute l’année pour ça.
Que de doutes à l’approche finale du trail : je suis fatiguée, j’ai mal au mollet, je ne peux plus courir depuis 15 jours…j’ai peur de ne pas le finir, ou pire, de ne pas en profiter.
Nous arrivons donc sur place le samedi, il fait 5°, pas de pluie en vue, mais les alpes se cachent.
Le départ est donné, Olivier part devant : je refais mes lacets, je le rattrape, mais il reste en arrière faire le vide dans son camel. Bref, nous n’aurons couru ensemble que quelques mètres.
La course débute tranquillement par 9 km de plat, le long d’un joli cours d’eau, je profite et m’échauffe, c’est agréable, nous ne sommes pas trop nombreux, ce que j’apprécie.
Ensuite, arrive la montée vers le Creux du Van. Laurent est en bas et nous attend, nous encourage avant la cote. Là, les bâtons m’auraient bien aidés, mais c’était interdit. Ceci dit, l’adrénaline est là, la barrière horaire : 46km en moins de 7 heures me tient en haleine…l’expérience du Cantal m’avait dit que ce serait très limite…je monte donc lentement mais régulièrement sans fatiguer, le chemin est bon, puis il devient pentu, étroit, avec de très jolis points de vues…ah oui, j’oubliais, je m’étais juré de ne plus courir sans faire de photos, alors, j’en ai pris beaucoup, dès que je trouvais ça beau, même si je devais louper la fameuse barrière, le maître mot était PLAISIR et PROFITER.
Je m’arrête donc vite fait, je me retourne, regarde, prends une photo, me fait rattraper, repars et recommence.
Une fois en haut : le bonheur, le creux du van, qui ne nous laisse voir ni chamois, ni Mont blanc, mais qui est dégagé, et quel bonheur de dominer cette vallée !
Encore quelques photos, le chant des cloches de vache est enfin là, nous longeons ce ravin, puis c’est la descente, qui devient assez raide, de plus en plus raide avec des replats, où je retrouve Laurent de temps en temps, du bitume, des parties très techniques dans les sous bois, de tout petits chemins en virages serrés, une belle pente, et là, on regarde bien devant soi ! arrivée en bas, au pied d’une cascade un peu sèche. Un petit bonjour, encore des photos, et ça repart pour un peu de plat. Puis c’est la première barrière au 28m KM. Là tout va bien, nous quittons les marathoniens pour retrouver notre circuit propre au défi long.
Et là, surprise : nous entrons dans des gorges superbes, à la Poëta Raisse, avec quelques passages très techniques, je me suis revue à la Réunion, sans la même végétation, mais avec les mêmes difficultés. Des escaliers naturels ou pas, plus ou moins cassés, des mains courantes, des passages assez aériens..de superbes cascades, des passerelles…un vrai bonheur.
La sortie des gorges arrive vite, le temps est très vite passé, il faut se dépêcher ! Là, c’est la côte aux sept contours, dont j’avais entendu parlé sans savoir si c’étaient 7 ou 14 ou 17 contours, mais au bout d’un moment, j’ai eu quelques doutes…ensuite, replat, puis côte à nouveau, puis enfin, le Chasseron en vue : point culminant du parcours, deuxième grosse difficulté, lieu où je suis si souvent allée plus jeune…pour y accéder, encore quelques pentes, plus ou moins douces, plus ou moins caillouteuses, ou au contraire, en prairie, un dernier petit sommet, et voilà, j’y suis déjà !
Un couple assez âgé avec de jeunes enfants me demande : « vous n’en n’avez pas marre ? parce que nous, si ! » et moi, euphorique encore, de dire : « non, pas encore, regardez comme c’est beau ! »
Au ravito, la dame me dit : non, c’est par là…et moi de répondre, oui, mais avant, je vais faire une photo !
Bref, me voici en 5 heures au sommet, 39km. Je suis confiante, plus que de la descente avant la fameuse barrière horaire, d’après le papier…cette descente m’achève, j’avais déjà commencé à sentir mes quadriceps après la première descente, mais là, ça se confirme, j’aurai mal après la course !! arrivée en bas après avoir glissé et m’être accrochée aux mains courantes, je vois que je n’en suis qu’au 42ème km. Laurent est là, toujours fidèle, il m’encourage.
Mais la mauvaise surprise c’est que ça remonte un bon bout de chemin, sur le bitume, dans les champs, rien de beau, mais le chant des cloches est là…merci mesdames les vaches, je suis venue pour vous ! arrivée à la Cote aux fées, autre nom emblématique de mon enfance, 46km, 6h de course : contrat rempli, je suis libre de me traîner, je ne serai plus stoppée…en fait, je l’ai su plus tard, la barrière était au 42ème Km. Il faut dire que le balisage était très aléatoire, et que le GPS de Laurent m’a bien aidé.
Je repars donc en montée après un bisou de Laurent, et je monte, mais là, ça devient réellement dur. Le moral en prend un coup, je n’avance que laborieusement : 5km/heure, je me dis que je vais finir, mais en combien de temps ?
Je suis au coude à coude avec une senior féminine, je suis plus performante dans les passages techniques, mais elle a plus la pèche pour le reste, elle n’a pas de sac, elle file, me double en marchant. Bref, au 65m Km , elle me plante pour de bon.
Je profite des côtes pour me reposer, je profite des champs pour en faire autant, et j’arrive à me relancer, à ma plus grande surprise dès que ça descend ou que l’on retrouve les petits chemins que j’adore : sous bois, humus, racines, pierre requérant mon attention, et tel le petit lapin des piles duracel, je repars, tel un robot qui ne s’arrête jamais, et je prends mon pied. Quand je marche, je me dis que ce n’est pas grave, que c’est comme une rando, même si le calcul du temps qu’il me reste m’effraie alors, je maudis les descentes, mes muscles ne sont que douleur, mais le moral est bon, je sais que je vais le finir.
A la dernière montée, un gentil et beau coureur m’encourage, m’annonce plus que 100m de montée, et là, je lui avoue que je préfère les cotes aux descentes…il se sent alors obligé de m’avertir qu’il me restera une longue descente très raide !! évidemment, quand on est en haut d’une jolie montagne et que l’arrivée est dans la vallée, on se doute bien que l’on va redescendre. C’est alors que duracel est reparti ! quelle belle machine, comme c’est étrange de souffrir mais de pouvoir encore courir avec des bâtons à la place des jambes ! un petit sms me pousse un bon coup et je cours les 5 derniers kilomètres, en descente, puis à plat. La troisième senior femme arrive alors qu’il me reste un kilomètre à faire. Elle me bat donc haut la main avec 5 minutes d’avance. J’ai mis 10h10.
Il ne me reste plus qu’à me doucher, me faire masser, et féliciter Olivier.
Cette course est vraiment très belle, très « courante »: expression suisse signifiant « roulante », et que d’encouragements de la part de tous les bénévoles, aux ravitos (tous les 4km) et tous ceux qui étaient là, en très grand nombre pour nous; « allez, bravo, c’est formidable, courage, hop hop hop !! » était leur maître mot. L’accueil et les félicitations à l’arrivée étaient sincères et chaleureuses, on a l’impression d’avoir fait quelque chose de formidable, d’incroyable !
Un balisage parfait, un parcours superbe, le vrai bonheur qui m’a réconcilié avec les trails de montagnes : 70 km , ça passe, mais aujourd’hui, je ne suis que douleurs…n’espérez pas me revoir le dimanche matin avant la rentrée ! je vais faire de la natation et me reposer…

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