Le Raid Dentelles Ventoux

Publié par oep le

(Olivier et moi sommes de grands écrivains, nous avons fait chacun notre compte-rendu, donc courage pour la lecture ! mais vous verrez qu’ils sont complémentaires… Commençons par le mien que j’avais mis en ligne, suivi par celui d’Olivier…et tout d’abord les photos)

Le Ventoux…Cela fait quelques années que j’en rêvais, quand on le voit émerger des nuages depuis la vallée du Rhône ou depuis les Monts de l’Ardèche, impressionnant et mystérieux… L’occasion m’est donnée ce samedi 14 Mai avec le Raid Dentelles Ventoux qui propose un 56 kms (3200 m D+) et 100 kms (5100m D+). Poussé et épaulé par Yamina et Oliver, nous voilà donc partis pour cette aventure, et comme nous ne sommes qu’à moitié fadas, nous optons pour la « petite » distance, ça devrait suffire !
Du vendredi, après avoir récupéré Yamina à Garches en provenance directe de Poitiers, nous arrivons donc à Gigondas après 7h de voiture, avec une vue imprenable sur le Ventoux, ce qui ne manque pas de nous donner un coup au moral (et à l’estomac), ça a l’air haut…effectivement cela doit bien être le « Géant de Provence »…
Briefing d’avant course à 19h où on ne voit que des traileurs purs et durs, on annonce de l’orage sur le Ventoux dans l’après-midi, mais nous devrions déjà être plus bas si tout va bien. Pasta party où nous faisons connaissances avec moult coureurs sympas et finishers de l’UTMB et autre joyeusetés qui nous expliquent entre autre le balisage sur la course (qui ne posera toutefois pas de problèmes). Retour au gite où il nous faut un bon moment pour préparer les sacs, le ravito, la liste du matériel obligatoire, on a l’impression de partir pour l’Everest !
Le lendemain, après une nuit convenable, nous voici prêts. Le départ se fait juste au pied du Ventoux, à Bédoin à 8h30 (le 100kms est parti à 4h30). Nous sommes 120 sur le 56kms. Après 2,5kms d’une petite route qui monte en serpentant, on rentre directement dans le feu de l’action en attaquant le Ventoux pour notre 12kms le plus lent de l’histoire : 3h ! faut dire qu’il y a tout de même 1600 m de dénivelée…Olivier prend rapidement les devants, Yamina et moi effectuons tranquillement la montée ensemble qui se passe très bien à ma grande surprise, comme quoi l’entrainement à St Cucufa a du bon (sans parler des bâtons, très utiles). Après de beaux passages en forêt et le final dans le pierrier sommital, nous arrivons au sommet avec l’arrivée des nuages…
petit moment d’émotion, un ravito vite avalé et une soupe instantanée qui va se rappeler à mon bon souvenir pendant quelques heures…la descente en face nord dans le pierrier est assez impressionnante, on rejoint ensuite de superbes passages en forêt avant d’attaquer une suite de combes interminables sous la pluie qui est arrivée…tout ça nous amène au ravito du 29ème km. Yamina a pris un peu le large, on se retrouvera au ravito suivant, Yamina m’ayant attendu avec beaucoup de gentillesse.
Nous longeons ensuite des vergers où Olivier a bien envie de tester les spécialités locales, mais il faut attaquer un sentier bien boueux avec 200m D+, pas de problèmes, il s’agit de tester l’état de forme…ça va, on peut continuer ! Au ravito du 36ème, Yamina me laisse seul, c’est difficile de courir ensemble sur de telles courses, chacun a son rythme, sa bulle, ses coups de pompe, ses doutes, et ses moments de bonheur. En parlant de coup de pompe, en voilà un beau vers le 42ème km, heureusement un coureur du 100km me rejoint, nous l’avions rencontré la veille à la pasta party, il trouve les mots pour me retaper et c’est reparti (merci à lui) ! Dans la dernière montée de St Armand, l’orage revient, heureusement après 2-3 coups de tonnerre il s’éloigne, on se prend tout de même de bonnes bourrasques et averses. Suit une descente très technique pour tester les genoux, pas question de courir, pour arriver au ravito du 47ème qui se trouve en fait au 50ème. Ca sent la fin ! Ce moment privilégié où l’on sait après les instants de doute que quoi qu’il arrive on pourra finir. Le Ventoux se découvre au loin…magique…on est vraiment monté si haut ? Le soleil couchant éclaire les Dentelles de Montmirail, tout est calme… La nuit va bientôt tomber, mais je n’ai pas besoin de sortir la frontale pour rejoindre Gigondas… Olivier finit en 11h21, Yamina en 12h10 et votre serviteur en 12h47. Il y a du monde devant mais peu importe, la joie de finir emporte tout, d’autant plus que Yamina finit 1ère Sénior féminine !!
Le lendemain nous retournons (en voiture) au sommet du Ventoux pour profiter de la vue bien dégagée, mais cette fois-ci le mistral souffle à 120km/h au sommet, difficile de tenir debout ! Heureusement que nous n’avons pas eu de telles conditions pour la course…

En conclusion, une course superbe par ses paysages, la montée mythique du Ventoux, organisation sympa, bénévoles extras aux ravitos, et une course pour la bonne cause (recherche contre les glycogénoses). Une superbe aventure qu’on ne peut que recommander ! Et la chance d’être accompagné par Yamina et Olivier pour partager des moments rares…Que demander de plus ? peut-être quelques kms de plus… ça sera pour les Templiers en Octobre !

(Et maintenant celui d’Olivier)

Etant toujours à l’écoute des bonnes idées de mes partenaires de jeux, c’est avec attention que j’avais écouté les paroles de Bruno lorsque ce dernier m’avait parlé de son souhait d’user nos semelles du côté du Mont Ventoux et autres Dentelles de Montmirail. Ajoutons à cela que depuis juillet 2008 (date à laquelle Bruno, fâché avec une de ses chevilles n’avait pas participé à la Voie de l’Ecir) je souhaitais donc partager avec lui un week-end trail afin de montrer à cette cheville qui avait le dernier mot !

Quelques mois plus tard, lors de la soirée OMS, et un « même pas cap. » entre Yamina, Bruno et moi, nous voilà donc décidés à participer au raid dentelles Ventoux et ses 56 km pour 3200 D+ le 14 mai.

Inscriptions , hébergement bouclé, Saint-Cucufa en long en large et en travers avec tout l’attirail nous voilà fin prêt pour retrouver Yamina chez Bruno en ce vendredi matin pour prendre la route direction Gigondas lieu d’arrivé et lieu de notre hébergement. Hébergement fort sympathique « La ravigotte » (http://www.laravigote.com/) qui au pied des Dentelles de Montmirail, niché au milieu des vignes, nous a offert le charme suranné d’un vieux mas provençal, avec sa cour fleurie, sa fontaine et l’ombre des tilleuls. Sitôt nos bagages déposés au gîte nous filons dans le centre de Gigondas retirer nos dossards afin de participer à la pasta party qui est toujours un moment incontournable dans des trails un peu costauds nous permettant de nous immerger dans cette ambiance que nous affectionnons : nous sommes entre nous, qui aimons repousser nos limites, découvrir, se retrouver seul au milieu de nul part de nuit s’il faut. Pasta party permettant d’échanger, rencontrer d’autres concurrents (ah, ah, Yamina, Bruno, je vous vois venir… et bien non ! je laisserais la Belgique tranquille.) Après une bonne crise de fous rires et 1 kilo de pâtes englouti nous regagnons nos chambres afin de préparer nos affaires, et là les ennuis commencent entre Yamina qui a oublié la totalité du matos obligatoire, moi qui ai perdu le bouchon de ma poche à eau (c’est con une poche eau sans bouchon, je l’avais encore jamais faite celle là) bref un peu de bricolage plus tard nous voilà parti pour une courte nuit.

5h30 du mat., debout dans la chambrée, un thé + Gâteau Sport avalé, direction la navette qui nous amène sur le lieu du départ (départ Bédouin, arrivée Gigondas). Dans cette navette je consulte ma messagerie et comme d’habitude (c’est notre rituel) mon Lolo préféré est fidèle au poste et nous a déjà laissé des messages d’encouragement (on est des lève-tôt chez les Le Floch !), même les copains physiquement absents sont jamais bien loins.

Nous arrivons au départ à Bédouin, après la vérification du matériel obligatoire (je passerais sous silence le tour de passe-passe permettant aux têtes en l’air de finalement trouver un aspi-venin pourtant oublié à 700 km d’ici…)

Le départ est donc donné à 8h30 pour 2.5 km de faux plat en direction du pied du Mont Ventoux. On en profite pour mettre la mécanique en route et profiter des champs de cerisiers et oliviers que nous suivons.
2.5 km plus tard nous nous attaquons à ce grand chauve, Mont pelé comme ils disent, Sir Mont Ventoux. 10 Km de montée, de la caillasse, du rocher par-là, de l’éboulis par si, bref entre 2h30 et 3 h de montée, ponctuée par des vues à couper le souffle. On bascule dans la descente, 15 km non-stop en direction du PC Des Rissas km 30 et passons d’un paysage lunaire à un paysage forestier sans être moins cassant mais tout aussi superbe, ravitaillement où je suis obligé d’enfiler mon coupe vent, l’orage annoncé au briefing la veille arrive et est précédé par des trombes d’eau qui ne me gênent absolument pas, je suis plutôt friand des conditions climatiques difficiles je me sens vivant je suis bien et trouve ce que je suis venu chercher, les bénévoles bricolent la tente comme ils peuvent pour rester au sec et prennent le temps de me servir un gobelet de soupe bien chaud qui fait le plus grand bien. J’échange quelques mots avec un bénévole un gars bien moi j’vous dis : il avait dans la main gauche un verre de rouge, dans la droite un verre de blanc et à la bouche un gros cigare, on se regarde et d’une seule voix on s’dit « elle est pas belle la vie ». L’étape suivante sera Malaucène au 37 Km, PC très sympa, un ravito complet au bord d’un étang plein de charme le temps d’ingurgiter un gobelet de soupe à la tomate et je repars pour le dernier ravito : au 47 km à Saint Amand. Sur les bases de 10 heures jusqu’au km 37 cette partie rendue difficile par la pluie et par la technicité du terrain sera celle me concernant la plus difficile, voulant marcher uniquement dans les côtes pour courir sur le plat et les descentes je lève le pied et m’applique à bien gérer cette partie : hydratation toutes les 15 minutes + gel toutes les heures, coupé de salé aux ravitos à peine perturbé par un chien qui ne me trouvant pas à son goût se dirige vers moi en gueulant comme un c.. d’où son erreur à mon nouvel ami les précieux battons de Lolo qui ne m’ont pas lâché et se sont alors dressés au-dessus de sa tête, et moi j’vous dis, enfin, Michel Audiard, « quand les gars de 120 kilos parlent, ceux de 60 les écoutent », et bien ça marche aussi avec les gars de 90 kilos et les chiens de 30 kilos. Ce dernier ravito prévu au 47 km sera finalement au 50 ème, l’écurie est proche les 6 derniers kilomètres seront un réel plaisir, la pluie et l’orage sont de retour, les bâtons planqués vers le bas (on va éviter de faire paratonnerre) les dentelles de Montmirail sur notre gauche les jambes déroulent toutes seules, je ne suis pas fracassé capable d’allonger la foulée jusqu’à l’arrivée et de rentrer dans Gigondas comme à chaque arrivée de trail qui me tiennent à cœur les yeux humides très touché par la présence des gens qui sans nous connaître nous accueillent en applaudissant. Je passerais la ligne d’arrivée en 11h 20 comblé de bonheur.
Yamina arrivera par la suite en 12h10 toujours dans un éclat de rire caractérisant notre Yamina nationale, classée 1 féminine sénior, bravo miss.

Suivi de Bruno en 12h47 je suis vraiment sincèrement très heureux qu’il ait terminé (avec un emploi du temps professionnel pour le moins complexe), ce trail lui tenait à cœur il l’a terminé, je le retrouve fatigué mais heureux (je le sens) toujours patient, souriant avec la gentillesse qui le caractérise.

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3 commentaires

woep92 · 18 mai 2011 à 3:13 pm

Beau reportage de Bruno, du vécu presque'en direct, qui donne envie de pousser sur les bâtons… Une triplette au sommet de leur art qui force notre admiration. On attend maintenant les impressions la première sénior!

LoLo · 18 mai 2011 à 2:40 pm

Un trio de choc. Vous êtes les plus forts quoi qu'il en soit de vos temps respectifs. Vous avez fait ce dont vous rêviez. Donc rien à dire sinon bravo. Les Templiers vont se souvenir de votre passage …

Michel · 18 mai 2011 à 12:40 am

Chapeau bas et bravo. Vous faites honneur à l'Orteil et zux coureurs des régions plates. Prenez le temps de récupérer et bonne route pour les Templiers.

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