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Marathon de Tahiti – Moorea

Un de plus au tableau de chasse ! Assurément le plus lointain, le moins préparé car le plus inattendu … et celui où j’en ai bavé le plus.
C’est juste 24h avant mon départ pour une mission professionnelle en Polynésie que j’ai vu que le marathon de Tahiti était prévu le lendemain de mon arrivée. Evidemment, je n’allais pas laisser passer une si belle occasion, même si je venais tout juste de commencer ma préparation spécifique pour celui de Paris dans 2 mois, et j’ai jeté in extremis chaussures, maillot et short dans la valise.
La communication sur cette course est effectivement très confidentielle en dehors de la Polynésie (et même sur place !). Il faut dire que, même si son nom nous fait rêver, elle n’attire pas les foules, avec 100 coureurs seulement, et 300 sur le semi.
La chaleur permanente n’incite pas à courir et le polynésien moyen n’a pas le morphotype idéal et surtout pas le régime alimentaire qui convient (énorme % de gens en surpoids ou obésité, surtout les femmes). Le sport roi là bas est le va’a, pirogue à un balancier (éminemment instable, je peux témoigner !), avec des compétitions très populaires de bateaux de 1 à 6 rameurs, soit dans le lagon, soit carrément en mer, d’île en île..
85% des coureurs du mth étaient d’ailleurs des popas, c’est-à-dire des européens de souche, mais comme ils ne font que 10% de la population locale, elle-même de 200 00 hab, vous comprendrez la faible participation. Outre ceux-ci, on trouvait
5 polynésiens, 5 étrangers (italiens , allemands) et 5 français de métropole, dont votre narrateur.
La course se déroule en fait sur Moorea, île voisine de Tahiti que l’on rejoint en 30 mn de ferry (cf photo, Moorea au premier plan, Tahiti au second). On fait un A/R sur la route littorale, le long du lagon et des deux superbes baies de Cook et Onopuhu (les curieux pourront voir Google Earth 17°31’ Sud et 149°50’ Ouest, mais c’est encore plus joli sur Google Maps).
Organisation sympathique. Ravitaillement en eau et fruits tous les 2,5 km et épongeages fréquents. Magnifiques stands décorés de palmes tressées, fleurs de toute beauté et rameaux de feuillages colorés, tenus pas de gentilles bénévoles en paréo + couronnes ou colliers de fleurs. Pour la première fois de ma « carrière », j’ai pris le temps de m’arrêter à chaque ravitaillement !

Le point délicat était de savoir à quelle allure partir, sachant bien que les conditions pour moi étaient particulièrement défavorables : arrivée à J-1 à 5h du matin, après 24h d’avion, 11h de décalage horaire, 30° de décalage thermique et même pas de repos la nuit suivante car le départ était donné … à 4h30 du matin, ce qui veut dire lever à 3h. Et je ne parle pas de l’alimentation des dernières 48 heures…
J’ai choisi une allure de 5’ au km (soit une cible de 3h30) que je jugeais prudente. De fait, et malgré la moiteur ambiante (26° à 4h du matin, ruisselant de sueur dès le km2), je l’ai tenue facilement pendant un semi, puis encore régulièrement jusqu’au km 29.
C’est là que j’ai enfin compris l’expression « le mur du 30ème ». Au figuré comme au propre car les GO avaient précisément placé au km 30 une méchante bosse de plus de 500m dont un bon bout à plus de 5%. Pour corser le tout, l’orientation a changé et nous sommes alors sortis de l’ombre protectrice du volcan pour être désormais sous le soleil direct.
La suite a été un long moment de solitude. Au figuré comme au propre, là aussi, car vu la faible participation j’ai couru seul depuis le km 10, quasiment toujours sans point de mire.
J’ose l’avouer : j’ai marché. Et même beaucoup, sous le cagnard (par exemple, les km 32, 36 et 38 en plus de 9’ !), en alternant avec un petit trot à 6’ / km. Naturellement je me suis fait remonter par une partie de ceux que j’avais nargués en les croisant après le ½ tour, notamment par les futures 2è à 5è femmes. La honte quoi (non, je provoque juste un peu). Ce fut interminable, d’autant plus qu’il y eut encore de longs faux plats montants et que la circulation est devenue dense au petit matin, limite dangereuse, sur la route étroite, la seule de l’île donc non neutralisée.
J’ai juste pu garder un peu de ressources pour boucler sous les 4h, en 3h56, soit 30 mn de plus que mon pire chrono … qui datait de 2003, et 1h de plus que mon record de 2008. 1h23 pour les 12 derniers km, soit du 7’ au km en moyenne. Bravo Michel ! Passé du 15ème rang au semi au 32ème à l’arrivée.
Bonne leçon pour le futur, mais je ne suis pas le seul à avoir souffert. 25% d’abandons et les vainqueurs H et F ont mis 10 mn de plus que leur objectif. Le vainqueur est en 2h45 ; 2 autres seulement sont passés sous les 3h. C’est dire !….
Et maintenant, que reste-t-il après 1 semaine de récupération ? Surtout des images positives, la satisfaction d’avoir eu l’occasion de participer, le plaisir éprouvé pendant le premier semi dans ce cadre enchanteur … et l’envie de recommencer au plus tôt. Je vais juste laisser passer encore une semaine avant de commencer le fractionné pour Paris.
Hardi !

PS : je suis d’autant plus content que je réalise que je vais être difficilement battable sur les 3 nouveaux challenges OEP que notre sympathique président va officialiser cette année, et que notre encore plus sympathique trésorier va financer avec 3 breloques (hi, hi, je précise) : le challenge de la course la plus lointaine, celui du mth avec la plus faible participation et … celui de l’article le plus long sur le blog. Encore que sur ce dernier point, un certain Olivier n’a sûrement pas dit son dernier mot !

PPS : désolé pour les photos, ou plutôt leur absence : mon appareil était resté à Garches !!! Je vais m’en vouloir longtemps !

PPPS (pour encore rallonger l’article) : je viens de rentrer. Départ de Papeete le vendredi 8h, arrivée Roissy le samedi 18h, suite au décalage horaire défavorable. Ce qui fait 2 jours et une nuit dans un avion (24h en réel). J’écris cela pour les jaloux du bureau qui me disent que j’ai beaucoup de chance. C’est vrai, je ne nie pas, mais après un tel A/R en une semaine, il en faut 2 ou 3 pour récupérer un sommeil correct.

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